Âme errante et bâtonnets chocolatés

par **Heaum** Ven 24 Aoû - 21:39

Un petit vent frais souffle sur la petite commune de Mehrin et sa population de fermier et commerçant. Il est un peu moins de midi, et le soleil brille entre quelques nuages isolés qui passent apporter un peu d'ombre et de fraicheur le temps d'un instant. La petite ville est plutôt active, profitant d'être à un nœud de routes commerciales pour à la fois importer de nombreux produit, mais aussi exporter son célèbre chocolat et ses déclinaisons diverses et variées.

C'est dans ce contexte frais et simplement animé par le bruit de fond de la ville qu'apparait une jeune fille étrange, à la tenue particulièrement atypique...

PA:

par **Arctal** Mar 28 Aoû - 19:03

* chocolatés [Edit de Krys : Me suis raté parce que j'avais écrit "Barres" au début, j'ai pas corrigé, mea culpa]

Au milieu de Mehrin, petite ville de quelques milliers d'âmes, un spectacle inhabituel s'offrait aux quelques badauds qui allaient et venaient aux abords d'un magasin de sucreries à la devanture aguicheuse. Colorée, garnie, la peinture qui ornait le dessus de l'entrée de la petite baraque - représentant un entrelacs de spécialités locales - soumettait à la torture tous vos sens, vous tapant l’œil tout en vous mettant l'eau à la bouche.

Deux mains glissaient lentement contre la vitre impeccable, puis ce fut une tête qui tomba pesamment, avec la lourdeur et le désespoir de ceux que la vie abandonne.
Malgré la fourrure ornant son couvre-chef, qui avait amorti le choc, la jeune fille - une quatorzaine d'années environ - sentit la vitrine vibrer au travers de ses gants, et depuis l'intérieur de la boutique la femme chargée de l'entretien lui lanca un regard mauvais.

Ce n'était pas tant l'attitude de lèche-vitrine sans le sou qui attirait les regards, que l'atypique de la tenue de la fille.

Elle était vêtue chaudement, pour ne pas dire emmitouflée dans des oripeaux à la fois adultes et exotiques, aux faux airs de déguisement. Sa veste kaki sombre, presque grise, descendait par dessus des bottes de cuir noires capitonnées de fourrure grise, du haut desquels on pouvait voir dépasser quelques bandages usés à même la peau.
Des boutons cuivrés, du haut jusqu'au bas, ainsi qu'une ceinture extérieure, la gardait étriquée dans cet uniforme quasi militaire qui montait jusqu'à son menton.
Enfin, mais loin d'être pour autant un détail de moindre importance, bringuebalait sur son chef une sorte de bonnet curieux, cachant ses oreilles et recouvrant tout le sommet de son crâne, sans pour autant empêcher de laisser tomber en cascade dorée ses longs cheveux dans son dos.

On eut dit, en un autre temps et une autre époque, une fillette ceinte de l'uniforme trop grand de son grand-père bolchevik.
Avouez que la vision avait de quoi insuffler étonnement... et coup de chaud. Vêtue comme elle l'était par temps pareil, la jeune Lena (car tel était son nom), devait se mourir de déshydratation.

C'est ce que vous pensez tous, hein ?

Non. La chaleur n'incommodait nullement Lena.
Quant à la grimace qui déformait le minois de la fille dans la vitre devant elle, c'était l'ultime douleur de la faim qui traque...
... Ainsi que la certitude de n'avoir pas un sou en poche.

Il lui avait fallu un certain temps avant d'acquérir quelques notions élémentaires des us et coutumes de cet endroit. Un certain temps d'adaptation qui s'était avéré riche en crimes innocents, course-poursuites folles et discussions décousues avec une population autochtone bien peu compréhensive.
Pourtant, désormais, du statut de criminelle en culottes courtes elle était bien vite passée, après avoir essuyé quelques malentendus, à celui de curiosité, devenant l'attraction majeure du quartier où elle résidait - puisant dans les économies de sa décédée génitrice - .

La Matriochka.

C'était comme cela qu'un érudit de passage l'avait nommé dans sa langue natale, un nom, disait-il, employé pour désigner une jeune fille.
Cela sonnait exotique, tout comme elle : le nom était resté.

HRP:

par **Heaum** Mer 29 Aoû - 15:05

Malheureusement ou bienheureusement, tout dépendait du point de vue, les failles dues aux échardes et la folie (ou la stupidité ?) des hommes donnaient assez de travail à quiconque était prêt à prendre les armes pour quelques pièces d'or de plus...

En l'occurrence, ces mercenaires plus ou moins du dimanche se réunissait dans les tavernes locales, faisant d'elles les lieux privilégiés de rencontre entre l'offre et la demande. Cependant, la taverne unique de Mehrin n'était que peu souvent peuplée, malgré l'apparition plus ou moins fréquente de bandits sur le routes et de failles près de l'écharde. Aujourd'hui, les deux étaient au rendez-vous, au vu de l'activité dans la dite taverne, à l'autre bout de la rue où se trouvait la jeune Lena, chapka au vent.

...Jusqu'à ce que Lena soit interrompue dans ses pensées par l'arrivée d'un ballon, tiré accidentellement sur elle par des gamins qui jouaient non loin.

PA:

par **Arctal** Sam 1 Sep - 20:14

Lena claqua d'un grand coup de botte la porte de la taverne, comme un cow-boy celle d'un saloon. A la différence que la porte, bien heureusement montée sur rivets et non sur ressorts, ne lui revint pas en pleine figure.
Derrière elle, il n'y avait guère pour faire office de tumbleweeds que le ballon roulant qu'elle s'était prise quelques secondes auparavant en pleine figure.
Elle avait regardé vivement de partout, afin de s'assurer que nul ne l'avait remarqué, puis, trop pressée pour s'attarder là-dessus, s'était contentée de rendre l'arme du crime au gamin revenu la chercher.

Celui-ci se massait d'ailleurs encore l'oreille par laquelle il s'était retrouvé brièvement suspendu, avant que la fille ne le laissât tomber pour reprendre son chemin d'un pas décidé.

Mais revenons à l'entrée en scène de Lena, toute à son western fantasy.

"Sers moi la meilleure boisson de cet établissement, humain ! Chaude, et dans un gobelet propre !", brailla t'elle à la cantonade.

Ce n'était pas un braillement vulgaire, ni même grossier. A vrai dire, le ton était juste assez autoritaire, et le volume sonore assez fort pour surpasser le classique brouhaha ambiant de taverne - mêlant rires tonitruants, discussions animées, chuchotements complices, grosses claques sur le dos et grosses claques sur la figure (pour certains) - , et attirer l'attention sur la gamine à l'allure bizarre, bien campée sur ses deux jambes, qui venait de débarquer en claquant la porte d'un coup de pied, et tendait vers le tenancier un index porteur de l'autorité du Destin même.

par **Heaum** Dim 2 Sep - 10:57

L’agression podophile avait eu à peu près autant d'impact sur la foule qu'une brise au sein d'un ouragan, bien que l'égo et la vision des petites filles dans la tête du jeune garçon avaient pris un sacré coup.

Dans la taverne résonna le claquement de la porte. Ou du moins, tenta de résonner, le brouahah ambiant n'étant pas un brin entamé par une simple porte qui claque, monnaie courante des batailles de taverne. Cependant, l'attention se portait progressivement sur la jeune fille, tandis que les bruits tendaient à se calmer. Lorsque sa commande (puisqu'on pouvait littéralement parler de "commander") tomba, il ne restait que les discussions de ceux qui ne pouvaient observer directement, lesquels le faisaient avec une curiosité parfois amusée, d'autres fois avec seulement le questionnement dans le regard.

La taverne était plutôt classique, environ dix à douze tables, la plupart occupées, ainsi que de quoi s'assoir au comptoir du tavernier. Un escalier au fond de la salle, non loin du comptoir, menait à un étage, mais ne semblait pas emprunté, et rien n'indiquait la possibilité de louer une chambre. La clientèle, quant à elle, était composée principalement de rire gras et de boisson, à vrai dire.

Finissant de nettoyer son verre, l'homme plutôt jeune (petite trentaine d'année), barbe naissante, plutôt fin, brun aux yeux marrons, lança un regard amusé à sa cliente, en lui lança d'un air le plus sérieux au monde :

"Et vous voudrez quelques biscuit avec votre lait-fraise, mademoiselle ?"

La phrase fut suivi d'un petit rire de son émetteur, et d'une volée de rire gras de l'assemblée de bon-vivant et alcoolique rassemblés.

par **Arctal** Dim 2 Sep - 12:16

Sans se laisser démonter le moins du monde par l'assemblée moqueuse, Lena avança dans la salle, le visage à ce point impassible que l'on aurait pu penser qu'elle n'avait tout simplement pas saisi qu'elle était l'objet de l'hilarité générale - ou tout simplement qu'elle se souciait de l'être comme de sa première dent de lait - , avant de grimper sur un tabouret du comptoir.
Une fois hissée, elle ôta son couvre-chef d'une main, qu'elle posa à sa gauche sur le comptoir, arrangea vaguement ses cheveux blonds puis croisa les bras sur le bois usé où s’entrelaçaient les ronds de verres.

"Vous n'avez pas plutôt du chocolat au lait ? Brûlant.", lanca t'elle une fois installée, fixant droit dans les yeux le tenancier avec aplomb.

Tout en parlant, ses yeux émeraude plongés dans ceux de l'aubergiste, elle tâtonnait de sa main droite dans une des poches intérieure de sa veste, dont elle finit par sortir une pièce terne, qu'elle posa à plat sur le bois avant de la faire glisser en direction de l'homme.

par **Heaum** Dim 2 Sep - 14:47

Les rires s'étaient calmés plutôt vite, les discussions reprenant sur le nouveau thème "d'1m moins 20" qui avait fait irruption dans le bâtiment. Tous observait avec amusement, ainsi qu'une bonne once de confusion face à sa réaction, la gamine maintenant assise au bar.

Le tavernier, quant à lui, semblait penser qu'il ne s'agissait que d'une gamine voulant attirer l'attention, et arbora un sourire qui disait clairement "alala, ces jeunes..."

"Je regarde si j'ai encore du sucre, princesse, en attendant que tes parents arrivent."

Dans la salle, les plus proches de la scène s'étaient retournés et arborait leurs plus belles gueules de "pirates qui attendent le spectacle", pour la plupart des clients qui faisaient des tavernes des lieux mal famés. Quant aux "clients normaux", quelques curieux gardaient un œil discret, mais rien d'autre de notable dans le tas. L'assemblée attendait la suite.

par **Arctal** Dim 2 Sep - 15:18

Hélas pour eux, si Lena était dotée d'un indubitable sens théâtral, elle n'avait pour l'heure aucune envie de se donner en spectacle.

"On a pas idée de faire autant attendre ses clients." , répondit t'elle donc du tac-au-tac.

A l'air interrogateur qui aussitôt s'afficha sur le visage de l'aubergiste, elle adressa un explicatif, d'une déconcertante froideur :

"Je n'ai pas de parents."

Puis, sans même attendre sa réaction, elle enchaina d'un ton égal, comme si de rien n'était :

"J'ai besoin d'un travail, il parait qu'ici c'est le lieu idéal."

Ce disant, elle se retourna et parcourut l'assemblée derrière elle du regard.
"Idéal" était un bien grand mot. Bien qu'assez terre à terre et guère très imaginative, Lena était certaine que milles autres lieux auraient pu mieux correspondre à la définition d'un "lieu idéal", plutôt que cette auberge. Un des "lieux idéaux", par exemple, qui survolait son esprit, n'impliquait ni bouteilles brisées ça et là, ni faces de postérieurs ricanantes, ni même vapeurs écoeurantes d'alcool dans l'air.

par **Heaum** Dim 2 Sep - 15:36

""Pas de parents", hein ?... Je sais pas quel genre de travail tu penses trouver ici, mais je doute que ça soit ta tasse de thé."

Le ton avec lequel il avait commencé sa phrase laissait penser qu'il n'était pas convaincu de l'explication. Le tavernier posa le verre commandé et prit la pièce, la regardant d'un air dubitatif. Puis après un regard mêlant inquiétude et incertitude, il rangea la pièce dans sa poche, et retourna à ses affaires, à savoir son sempiternel verre à nettoyer.

"Et c'est quoi son petit nom à la princesse ?"

Dans la salle, les plus avides d'actions s'étaient calmés et retournaient à leurs discussions philosophiques, tandis que les plus curieux à portée d'entendre ce qui se disait (ou qui n'avaient rien d'autre à faire de leur misérable vie) continuaient à fixer la scène du regard, ou d'une oreille attentive pour les plus discrets.

par **Arctal** Dim 2 Sep - 15:42

"Lena.", répondit simplement Lena.

Elle prit le verre tendu des deux mains, l'encerclant comme pour trouver chaleur et réconfort en ce breuvage peu orthodoxe, puis sembla se perdre dans la contemplation de la fumée déformée par son souffle léger.

"Et c'est quel genre de travail qu'il y a ici alors ?" , lança t'elle soudain, reprenant après quelques secondes de silence le fil de la conversation avec son interlocuteur.

par **Heaum** Dim 2 Sep - 16:11

Le tavernier semblait gêné de répondre aux questions de la gamine, jetant un oeil à l'entrée de la taverne par instant, comme espérant qu'il s'agisse d'une fugueuse et que ses parents allaient arriver.

Puis finalement, il posa son verre, et s'assit de son coté du comptoir, profitant d'un vide dans l'activité.

"Pas grand chose d'accessible pour ton jeune âge. Du meurtre de bandit, de la chasse aux monstres des failles, et... d'autres trucs qui attendront que t'aient quelques années de plus, hein."

Le niveau sonore de l'homme baissait, ainsi que le nombre de curieux proportionnellement.

"Moi c'est Jack. Maintenant, si tu me racontais un peu ce que tu fais sans parents, et sans le sou ?"

L'homme semblait inquiété par les quelques informations lâchées par Lena, et sûrement aussi par sa tenue peu conventionnelle.

par **Arctal** Dim 9 Sep - 18:25

"Enchantée, Jack."

Sur un ton tout ce qu'il y avait de plus sérieux, Lena tendit la main au tavernier, par-dessus le comptoir.
... Avant de hausser un sourcil perplexe suite à sa remarque.

"Je vous ai déjà dit que je n'avais pas de parents. Vous devriez aérer votre auberge et prendre un peu l'air, vous savez, je ne pense pas que travailler toute la journée au milieu de ces vapeurs d'alcools vous fasse beaucoup de bien."

La remarque, formulée avant même qu'il ne prit sa main pour la serrer, était presque candide.
La fillette adopta finalement un air quelque peu renfrogné, comme si elle était vexée que cet inconnu ait plus lire clair en elle, pour conclure :

"Et puis d'abord, qu'est-ce qui vous dit que je n'ai pas le sou ?"

par **Heaum** Dim 9 Sep - 18:46

Avec un air rieur presque moqueur, Jack lui serra la main, et lança :

"Excusez-moi princesse, votre robe m'a surement induit en erreur !"

Puis, sans perdre de son ton enjoué :

"Reviens d'ici quelques années, t'aura surement de quoi te faire un peu d'argent de poche."

par **Arctal** Dim 16 Sep - 18:27

Sa main s'écrasa sur son visage.
Par grande chance pour le tavernier, il s'agissait là de la main de Lena, mais également du visage de Lena.
Le visage dissimulé dans sa main gauche, elle agita la tête d'un air atterré, avant de la retirer.
Dévoilant un visage quelque peu changé. Ses traits de porcelaine étaient toujours identiques : nulle rage déformant les traits ni même veine pulsant dangereusement sur la tempe ; cependant, son regard s'était durci d'un intensif agacement.
Sa main gauche tomba à plat et avec force sur le comptoir, faisant sursauter sa tasse encore pleine qui répandit un peu de son contenu sur le bois.

"Ça suffit. Je ne suis pas venue ici pour subir vos quolibets pathétiques, qui plus est d'une effarante puérilité."

Sa main, griffant le comptoir, se referma en un poing décidé.

"J'ai besoin de travail, maintenant."

Un relatif silence s'était installé dans un périmètre bien définie autour de Lena et de Jack, un silence dont elle parut soudain prendre conscience. Elle parcourut vivement l'assemblée de regards convergents vers elle, rosit légèrement de s'être emportée de la sorte.
Puis son regard s'alluma, et elle se retourna avec brusquerie vers l'aubergiste.

"... Embauchez moi."

Ce n'était pas une suggestion, ni même une proposition.

"Votre auberge est bondée en ce moment, et même si vous êtes encore loin de la retraite vous allez avoir besoin d'aide." Une pause. "J'ai besoin d'argent, vous avez besoin d'une serveuse, chacun y trouve son compte."

HRP:

par **Heaum** Lun 17 Sep - 7:37

Jack subissait en silence le regard de la jeune fille, puis finit par lâcher un soupir.

"Quelle persévérance... Si tu m'assures que t'es en age de travailler, et si j'ai une tenue à ta taille, je veux bien accepter. Mais j'espère que tu comprend les conditions de travail que ça implique."

Dans le regard du tavernier, on sentait qu'il se demandait pour quoi il allait passer, à embaucher une si jeune fille... Mais il était vrai qu'il était sans serveuse, et que la taverne était bondée.

par **Arctal** Lun 17 Sep - 9:40

Un infime sourire se dessina enfin, pour la premiere fois depuis son entree dans l'etablissement, sur le visage de Lena.

''Marche conclu alors.''

Le ton seul repondait aux interrogations du patron. Elle n'en demordrait pas, et si elle s 'etait averee du genre plus loquace, Jack aurait mis sa main a couper qu'elle lui aurait sechement repondu qu'elle etait en age de travailler depuis qu'elle pouvait tenir sans aide debout sur ses jambes. On arrete pas aussi facilement la charge d'une fille si forte tete.
Au lieu de cela, elle se contenta de vider sa tasse d'un seul et long trait qui laissa par-dessus ses levres une epaisse moustache brune... Qu'elle s'empressa d'essuyer d'un revers de main en suivant la direction du regard de l'aubergiste.
Puis elle paya une chambre avec ces dernieres economies, et partit sans un mot.

par **Heaum** Lun 17 Sep - 16:35

Au petit matin, des vêtements attendaient la jeune fille sur le meuble unique de la salle, laquelle étaient composée de ce meuble à tiroirs, un miroir au dessus de celui-ci, une fenêtre à volets et, bien entendu, un lit. Malgré tout, le cadre était moins austère qu'il aurait pu l'être, les chambres étant dans un état correct et la luminosité satisfaisante.

Sur les vêtements était posé un morceau de papier, avec un mot.

Tiens, c'est la plus petite tenue que j'ai pu trouver

J'espère que ça t'ira pas trop grand, on verra s'il faut du neuf

Viens dès que t'es levée qu'on voit ça, et qu'on parle des termes du contrat

Jack

Il s'agissait d'une tenue noire et blanche, archétype et stéréotype de la tenue de servante, avec les froufrou, collants et chaussures de circonstance. La tenue avait du appartenir à une femme assez petite (et plate), mais restait à peine grande pour la jeune fille, mais utilisable.

Spoiler:

par **Arctal** Lun 17 Sep - 18:04

Lena n'avait pas fermé l'oeil de la nuit, à vrai dire. Lorsqu'elle avait entendu la clé tourner dans la serrure, elle s'était contentée de retenir sa respiration et d'attendre, aux aguets, que l'intrus ressorte.
Emmitouflée comme elle était dans la couette de son lit, sans laisser dépasser la moindre portion de sa peau, ça n'avait pas été bien difficile de feindre le sommeil.

Le lit était pourtant agréable. Pas moelleux à souhait, mais pas non plus spartiate. Non, ce qui l'empêchait de dormir, c'était ce froid intense qui lui gelait les os. Elle semblait être la seule à sentir ce gel ambiant, comme si cet univers tout entier la rejetait en bloc. Lena se sentait comme une étrangère démunie.

Après tout... c'était ce qu'elle était.

Elle ne se laissait pourtant pas aller à la mélancolie ou bien la tristesse, non. Elle attendait, grelottante, recroquevillée sur elle-même mais le visage toujours impassible.
Finalement, n'y tenant plus, elle compta jusqu'à trois, dans sa tête.

...

Puis elle compta jusqu'à dix.
Alors qu'elle arrivait à "9", elle projeta soudain sa couverture vers le mur d'en face en propulsant ses jambes, et sauta à bas de son lit. Le contact de la plante de ses pieds avec le sol glacé manqua l'envoyer aussi sec retourner se blottir sur le lit, mais elle tint bon, et entreprit de s'étirer consciencieusement.
Elle en était à sa quatorzième série du très unique, très spécial et jusque là très infructueux "étendre ses bras haut vers le plafond, se mettre sur la pointe des pieds et contracter fort tout son corps comme si l'exercice allait lui permettre de gagner quelques centimètres", lorsqu'elle vit les vêtements sur le meuble.

Il était 3 heures du matin.

2 heures plus tard, Lena était toujours assise sur le rebord de son lit, sa nouvelle tenue dans les mains, le regard perdu dans d'indéchiffrables pensées.
La tenue était... comme elle l'avait redoutée.

L'incrédulité, le refus et le déni ayant déjà fait leur œuvre, elle en venait enfin à l'heure du renoncement. Rangeant bien délicatement sur son lit son manteau chaud, sa douce chapka, et son amour-propre, elle s'habilla donc, non sans difficulté, puis descendit au rez-de-chaussée, non sans appréhension.

Elle n'était pas particulièrement garçon-manquée, mais devoir troquer son éternelle longue veste kaki de tissu, ses étranges bandages aux pieds et ses solides bottes de cuir pour une robe bicolore pleine de jupons caressant ses cuisses, des collants fragiles et une paire de petites chaussures à talons, ne la laissait pas indifférente.

par **Heaum** Mar 18 Sep - 21:59

Son teint de allure de poupée, associé à sa tenue costumée, donnait un espèce d'air à la fois surnaturel et précieux à la jeune fille qui descendait les escaliers.

Dans un premier temps, elle était presque passée inaperçue. Jusqu'à ce qu'elle descende ces escaliers. Un regard, puis deux, puis l'ensemble des clients matinaux, qui bien que moins turbulents (et bien moins nombreux si tôt) que ceux du soir, la regardaient avec un air qui n'était pas voulu pour mettre à l'aise. Mais les remarques restaient inaudibles, à part quelques , mais les avis semblaient partagés entre les sourires dus à la vue d'une jolie petite fille, et les sourires dus à la vue d'une jolie fille. Déjà moins habillée qu'à son habitude, la voilà qui se retrouvait comme mise à nue.

Jack, quant à lui, gardait un air sérieux, mais ne put s’empêcher de rougir un court instant que Lena releva tout de même. Difficile par contre de savoir s'il rougissait parce que la tenue seyait tant bien que mal à la jeune Lena, ou bien parce qu'il lui faisait tenir une tenue pareille. D'un mouvement de la main, il lui indiquait de le rejoindre dans la petite salle qui faisait office de bureau, près du comptoir.

par **Arctal** Mer 19 Sep - 6:05

Lena avait déjà fait le deuil de sa fierte peu auparavant, aussi endura t'elle avec simplicite cette traversee de la taverne sous un nombre a son gout trop important d'yeux - pour une heure si matinale - .

Elle avait la chance d'avoir obtenu a force de conviction un travail, et comptait bien le garder : elle avait tres vite compris a son grand regret que l'argent obtenait tout dans ce monde-ci. Aussi se dirigea t'elle, avec une hesitation qui n'etait du qu'a ces etranges chausses surelevees du haut desquelles elle ne se sentait guere a son aise, vers Jack, ignorant le reste de la salle silencieuse avec une indifferente facilite.
Lena n'avait toutefois pas ignoree le sens de ces oeillades sans discretion aucune, et ne savait si elle devait s'en sentir flattee, ou si c'etait ici l'uniforme affriolant qui etait a ''remercier''. Après tout, elle etait la même qui etait entree dans la taverne la veille au soir, a quelques segments de peau visibles pres.

par **Heaum** Mer 19 Sep - 15:00

Jack ferma la porte derrière Lena. La pièce était à peu près aussi grande qu'une chambre, avec un bureau contre un mur sur lequel siégeaient divers livres et papiers trainants, à coté duquel était posée une table, avec un peu plus d'espace de libre malgré la présence d'un verre vide et d'une bouteille à moitié pleine.

Le tavernier observa la jeune fille, et ne put s’empêcher de lui dire :

"Eh bien, ça te va pas si mal finalement..."

Puis, se dirigeant vers son bureau et ses papiers et fouillant ceux-ci :

"Je pense que tu as compris à quoi tu dois t'attendre de la part des clients, maintenant que t'as ce job. Il est encore temps de faire demi tour, si ça te fait peur."

Il sort alors une feuille, qu'il pose sur la table pour la montrer à Lena, en lui tendant une plume. Avec un sourire, il continue :

"Mais bizarrement, j'ai pas l'impression que ça soit ton genre. Si la tenue te va pas, je pourrais essayer de te dégoter quelque chose à ta taille, faut juste que je prenne le temps."

par **Arctal** Mer 19 Sep - 18:16

Un verre vide et une bouteille à moitié vide trônaient sur une table, rangée à côté d'un bureau couvert de paperasses, dans le petit réduit où le tavernier avait conduit Lena. Elle s'étonna de constater d'ailleurs l'empilement de tant de livres et papiers - des livres de compte, peut-être ? - , mais n'en toucha pas mot, d'une part car là n'était pas le sujet dont voulait l'entretenir Jack, d'autre part car elle réalisa bien assez tôt la cruauté de son étonnement.
Après tout, même si l'idée peut sembler déconcertante, rien n'a jamais empêché un tenancier d'être également homme de lettres à ses heures de repos.

Une formule de politesse un tant soit peu gênée fut échangée, et déjà le tavernier lui présentait un papier tiré de la pile, ainsi qu'une plume, tout en interrogeant Lena.
Celle-ci avait déjà baissé les yeux sur le contrat, dont elle détaillait silencieusement les clauses.
Elle ne répondit que lorsqu'elle en eut terminée avec sa lecture minutieuse, et retournée la feuille par souci d'intégrité - sans se soucier d'offusquer ou non par ce geste son interlocuteur - :

"... Tant qu'ils ne posent pas autre chose que leurs yeux sur moi, ça me convient."

La fille prit alors la plume, hésita un bref instant au moment de signer le papier, puis opta pour la version classique : son prénom, assurément hors-norme pour se suffire à lui seul, couvert d'un gribouillage brouillon.
Puis elle fit glisser le contrat signé vers l'aubergiste, qui lui proposait alors de lui trouver une tenue plus seyante.

Lena baissa alors les yeux sur ses atours de travail.
Diable, que sa tenue à elle lui manquait.
Elle se sentait démunie, dépouillée, et même vulnérable dans ses vêtements courts, serrés, plein de délicatesse et de fragilité. A cet instant elle voulut plonger ses mains dans les larges poches de son manteau, se redresser avec dignité (hautaineté ?) et répondre avec assurance au tavernier que ce n'était en rien un problème pour elle.
Mais ses mains pataugèrent vaguement dans le vide, la seule poche du vêtement se trouvant sur sa poitrine, et après avoir glissées avec désespoir sur son tablier brodé se joignirent dans son dos, tandis qu'elle lâchait, bredouillante, un :

"N-non, cette tenue est très bien, merc-"

Une part de Lena se serait giflée en cet instant précis : cette satanée tenue avait bien quelque chose de maléfique pour influencer à tel point son état d'esprit. Qui était-elle, pour balbutier ainsi comme une enfant sage à qui on proposerait un verre d'alcool ?
Elle se reprit avec une telle brusquerie qu'elle claqua inconsciemment du talon contre le sol tout en se redressant - à la façon d'un salut militaire - et retirant ses bras de derrière son dos pour les croiser par-dessus sa poitrine.

"Ça ira sans problèmes. Maintenant je crois qu'il est temps de se mettre au travail si les formalités sont terminées."

par **Heaum** Mer 19 Sep - 21:11

Le contrat était sans entourloupes, et les conditions de Lena étaient remplies. L'homme rangea le contrat signé, et répondit :

"Eh bien en piste alors, princesse. Garde les éventuels pourboire que t'auras, et profite de ta première journée pour te faire au rythme, surtout aux heures de pointes. T'as le droit de te défendre si un client va au delà de ses droits, et si t'as besoin je s'rais jamais bien loin de toute façon."

Puis, une fois les papiers rangés et sa phrase fini, il ouvrit la porte du bureau, en proposant à Lena de sortir.

par **Arctal** Jeu 20 Sep - 19:47

Ce qu'elle fit.

par **Heaum** Dim 23 Sep - 9:02

La clientèle de la salle n'avait pas beaucoup changé durant leur entretien, et maintenant qu'elle devait les servir, Lena remarqua qu'il n'y avait que quelques "ivrognes du matin" qui venaient pour un petit déjeuner alcoolique, le reste des clients étant les artisans et autres commerçant venant manger un bout ici, la taverne étant placée en plein milieu de la plupart des commerces.

Au comptoir de Jack se trouvait des petits fragments de papier, indiquant comme un menu, qui étaient au nombre de 3. Lorsque Lena posa son regard dessus, Jack expliqua :

"J'ai profité d'avoir de nouveau une serveuse pour re-proposer le petit-déjeuner servit en chambre pour les meilleures chambres, on faisait ça avant. Oublie pas de les faire, j'suis pas sur que ça plaise au client de prendre le ptit-dej à l'heure du déjeuner !"

Quant à la salle, pratiquement aucun client n'était servi, mis à part ceux qui semblaient être là depuis bien plus tôt (à se demander s'ils avaient même quitter la taverne... Nous parlons bien entendu de ceux sirotant leur n-ième bière.) et quelques vendeuses qui semblaient avoir les arguments pour pousser Jack à les servir lui même.

Mais au moins, dans le calme du matin, seul un bruit de fond du aux discussions perdurait.

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