Porté par le destin, passif jusqu'au dilemne

Milio n'avait jamais particulièrement apprécié les cimetières, mais ces derniers temps, il n'y avait que là qu'il trouvait le calme nécessaire à son équilibre.



Il prît une ration dans son sac, puis compta son or et sa nourriture. Il avait connu situation plus pressante, mais la disette pouvait survenir n'importe quand. Mieux valait être prêt.



Il se leva, sa jambe le fît souffrir. Il pleuvrait demain, sans doute. Milio commença à descendre la colline, se dirigeant vers le village.

Milio hésita un instant sur le chemin à prendre. La taverne était une bonne source d'informations, mais il ne cherchait pas des informations mais du travail. De toute façon, la taverne n'allait pas fermer immédiatement.



Il décida finalement d'aller voir si sa soeur était présente, et entra donc au siège du Kan'shou, et demanda à un garde si l'assistante Sina était là.

Sous les regards intrigués des gens faisant la queue, Milio approcha du garde. Celui-ci écouta sa question, et avec un sourire, répondit :

"Oui, vous devez être Milio... Venez, je vais vous guider."

Lançant un regard vers son collègue, lequel acquiesça, le garde se dirigea vers l'intérieur, d'un pas suffisamment lent pour ne pas semer Milio. Sa claudication était certainement ce pourquoi l'homme l'avait reconnu directement...

Tout en suivant l'homme, Milio lui demanda:



"Par hasard, vous ne sauriez pas si il se passe quelque chose de particulier ces derniers-temps? Des contrats difficiles à executer, des tensions avec l'Akhadopi? Je cherche du travail."

Les deux hommes croisèrent un jeune homme en manteau gris qui leur sourit et passa son chemin. Le garde s'arrêta une seconde, pensif, et répondit :

"Avec la fin des guerres, vous savez, tout tend à se calmer... Mais le mercenariat est en plein essor. Quiconque veut du travail en trouvera, mais ce sont souvent de basse besogne."

Les deux hommes empruntent une espèce de cabine en lévitation permettant de changer d'étage sans se fatiguer en escaliers. Tandis qu'ils sont seuls, le garde reprit :

"Sinon... J'ai entendu dire que les mers du sud sont de moins en moins sur... et d'autre part, les barbares de l'est se prépareraient à repartir en guerre contre les orcs. Rien de bien joyeux, mais il y aura du travail sur ces deux fronts, à un moment où à un autre... Ah, nous y voilà."

La porte s'ouvre, et donne sur un étage de bureaux. Au loin, la porte de ce qui semble être un responsable, près de laquelle se situe un bureau, auquel est assise Sina, en plein travail de notes sur un agenda, chantonnant une petite chanson.

Milio attendit que le garde soit reparti pour parler. Cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas vu si calme et paisible qu'il en profita quelques instants avant d'ouvrir la bouche:



"Petite soeur?"

Levant ses yeux au dessus de ses lunettes, son regard passa du neutre à la surprise.

"Milio ! Comment vas-tu ?"

Le garde salua vite fait, et s'éloigna pour retourner au rez-de-chaussée.

Quand il vît le garde s'éloigner, Milio se laissa tomber sur un siège proche.



"Je cherche du travail, t'as pas un tuyau pour moi? Ah et aussi, je viens te dire de ne pas te tuer au travail, de la part de maman."

Après un soupir, son interlocutrice lâcha :

"Tu sais, ce n'est pas moi qui fait signer les contrats aux mercenaires... Les braises des guerres du passés sont encore chaudes, et les conflits que tu as connus sont toujours prêts à se rallumer, si tu es prêt à aller sur place pour intervenir..."

Puis, après un silence, elle lança :

"Je peux comprendre que tu veuilles penser à autre chose, mais ta connaissance du terrain jouera en ta faveur pour un contrat. Je ne pense pas qu'un contrat du coin soit intéressant outre mesure..."

"De toute façon, je prefererai éviter de travailler ici. Si tu as quelque chose avec des gobelins, ou au moins un endroit où aller..."



Milio avait dit ça en se relevant, étirant sa jambe blessée. Il entendait les voix qui commençait à parler de ses choix.



"Tu es sûr que tu ne préfèrerais pas des humains, c'est tellement plus..."



"S'il est regrettable que l'on meurt à la guerre, il est encore plus regrettable que ce soit pour une cause injuste..."

Indiquant la cabine d'ascension, la jeune sœur de Milio répondit :

"Redescend au troisième étage, et demande Rémi de ma part. Dit lui que tu cherches un travail en terres gobelines, il aura peut-être quelque chose pour toi."

Son regard neutre semblait entre joie d'être avec son frère, et inquiétude vis à vis de l'état de celui-ci.

Milio n'était pas très doué pour les relations sociales, mais il était suffisament conscient de ses alentours pour se rendre compte de l'inquiétude diffuse de sa soeur.



"Ne t'inquiète pas, le gobelin qui me tuera n'est pas encore né. Et puis, quelle force au monde pourrait bien m'empecher de revenir te voir toi ou les autres?"



Il embrassa sa soeur, puis descendit par l'ascenceur, vers le dénommé Remi.

Arrivé au bureau en question, l'homme était seul. Il s'agissait d'un homme d'une 50aine d'année, avec des cheveux blancs-gris et des yeux bleus clairs. Alors que Milio entra, l'homme lança :

"... Que voulez-vous ? Vous avez un B27 ?"

Milio détestait les gens qui posaient des questions sans attendre les réponses. Il se força cependant à répondre.

"Du travail. Non."

Puis il observa la salle, ignorant les incitations au meurtre qu'IL lançait en réponse à son irritation.

L'homme maintenait son regard, mais le ramena sur des papiers sur lesquels il travaillait.

"Pas de B27, pas d'emploi. Retournez à l'accueil si vous voulez obtenir un B27... A moins que vous n'ayez un autre formulaire d'aptitude ?"

Ce type le gonflait déjà bien. Heureusement qu'ELLE était là, sinon IL aurait déjàréussi à pousser Milio au meurtre.



"8 ans dans l'armée et un grade de lieutenant."



Puis Milio se pencha vers l'homme et ajouta à voix basse:



"Accessoirement je suis le frère de Sina."

"..."

L'homme posa les mains sur la table, et se leva.

"Enchanté, Lieutenant "Frère de Sina"."

Le dénommé Remi se tint droit, une main dans le dos, et annonça :

"Général Rémi Deril, 28 ans de service militaire, en remplacement pour rendre service à mon fils."

Puis, laissant planer le silence, il répéta :

"... Avez-vous un B27, ou allez-vous m’empêcher de m'ennuyer dans mes paperasses encore longtemps, Lieutenant ?"

Un sourire se dessina sur le visage de Milio. Un sourire malsain. Il sentait qu'IL prenait le dessus.

Milio parvint à se contenir à temps:

"Et où obtient-on ce fameux B27?"

Dissimulée sous un pan de vêtements, la main gauche de Milio était crispée sur son arme, agitée de spasmes compulsifs.

"En suivant la file d'attente, à l'accueil, et en remplissant les formulaires de compétences et acquis, suite à quoi vous serez redirigé vers un formulaire B27, puisqu'à l'évidence vous êtes un ancien combattant. D'autres questions ?"

"Tu tiens à ta tête petit con?"

Heureusement qu'IL ne parlait que dans la tête de Milio, sans quoi l'effet aurait été désastreux.

Milio se retourna et se dirigea vers l'accueil, tachant de contenir ses pulsions.

Une brume rougeâtre voilait le regard de Milio, conséquence de la rage qui le gagnait peu à peu. Sa main droite avait remplacé la gauche sur le pommeau, et il dissimulait celle-ci dans sa poche. Il se dirigea vers l'accueil.



"Pour un B27, où je vais?"

La femme de l'accueil fut étonné de la question furtive de Milio, qui venait de finir avec un homme.

"Hum ? Tenez, un B27, si vous êtes sur qu'il s'agit bien de ça dont vous avez besoin."

Puis, sur ces mots, elle tendit une fiche bleue à l'ancien soldat.