[Kuroshi/Scène] Les fantômes du Passé

Une partie de l'armée du clan Tatsumaki avait quitté leur quartier général pour rejoindre un territoire contesté, une base qui leur appartenait mais qui leur avait été prise par leur éternel ennemi : Le clan Murcielago.

Depuis sa plus tendre enfance, les ainés du clan lui avait apprit à haïr les Murcielago, pour quelle raison ? Une course au pouvoir pour enfin décider duquel des deux clans était le plus fort.


Kuroshi méditait dans sa tente quelques heures avant la bataille, se rappelant son rôle dans la bataille, c'était son propre père, qui lui avait annoncé sa place.

Son père était arrivé tout en armure ce soir là : Il ne se battrait pas le jour venu, mais avait activement participé à l'effort de guerre : Il avait, lui et d'autres haut-gradés du clan, imaginé le plan de bataille.


Dans l'armée du clan Tatsumaki, il y avait quelques milliers de soldats de bases, portant des armures intermédiaires et armes d'hast en main.

Un millier d'archers, arc long composite et des flèches spécialement conçues pour littéralement étriper l'adversaire.

Des prêtres, peu nombreux, qui servaient surtout à faire en sorte que le déroulement de la bataille aille en faveur du clan Tatsumaki.

Des ninjas, qui n'étaient pas très nombreux sur ce champ de bataille, mais qui sauraient se rendre utile à un moment où à un autre.

Et des samouraïs, dont faisait parti Kuroshi, l'élite de l'armée, farouchement entraînées et extrêmement loyaux, que les soldats de base n'oseraient trahir... car les samouraï du clan Tatsumaki savent être rancuniers quand il le faut.


Le plan était assez simple en vérité. En première ligne, les soldats dits "de base" fonceraient à travers les lignes ennemies, pour laisser passer les samouraïs qui escorteront les ninjas, qui eux s'occuperont de tuer les gardes et d'ouvrir les portes pour reprendre leur base [HRP]Je sais pas comment tu vois cette base, mais je la vois entourée par des murailles ^^.[/HRP]. Les archers eux, soutiendront leurs alliés de loin, en tuant de préférence les archers et lanceurs de sorts du clan ennemi.

Un plan classique en somme.


Kuroshi se leva, soupirant.

Il avait de longs cheveux noirs qu'il attacha en queue de cheval afin de ne pas gêner la vue, ses yeux verts perçants fixaient à présent le set d'armure qu'il porterait pour la bataille.

Il se mit à genoux et enfila son armure, armure de samouraï rouge qu'il porterait au dessus de sa tenue entièrement noire.

Il s'arrêta au moment de mettre son casque et le masque en forme d'Oni... non, il ne les mettrait pas, ils gêneraient sa vue.


Il prit ensuite son fidèle katana, qu'il avait nommé Ryuuketsu, et qu'il avait trouvé le jour où il avait cassé son ancien katana. Les circonstances de cette trouvaille lui restèrent inconnues.

Il sait juste qu'avec ce katana, il avait fait des choses qu'aucun humain n'aurait pu faire avec une arme de base.

Mais il se sentait observé, il lui semblait entendre des voix, des ricanements.

Et souvent, toutes les nuits même, des cauchemars horribles l'assaillaient. Toujours avec ce même homme drapé de noir, et dont seul les yeux fumant rouges et un sourire sinistre étaient visibles, qui lui racontait inlassablement la même chose, chose qui, à son réveil, ne s'en souvenait plus.

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La bataille était imminente, tout le monde prit sa place. Kuroshi se voyait assigner l'escorte d'un ninja, qui sous une toge à capuche, cachait son identité aux ennemis.

Il y eut un cri de guerre, la première ligne fonça, suivi par le reste de l'armée.

La bataille avait commencée.

Les soldats Murcielago arrivèrent, comme attendu, en un flot puissant. Cependant, leur première ligne était composé de soldat en armure légère, contrairement à ce à quoi l'on aurait pu s'attendre d'une ligne de front.

Soudain, une pluie de projectile. Une fois arrivés suffisamment proches, Kuroshi reconnut des bâtons fumigène.

A priori, rien à craindre de tel subterfuge, si l'on reste groupé en formation défensive...

Seulement voilà.

Une explosion interrompit le fil des pensées du samouraï. Puis une deuxième, et une troisième.

Dans le chaos naissant, la voix d'un soldat lança :

"Un assaut kamikaze ! Ils ont des runes explo-"

Nouvelle explosion. La bataille prenait une tournure déplaisante, tandis que l'assaut Murcielago tombait sur le détachement Tatsumaki, désemparé.

Le combat corps à corps s'engagea, tandis que les fumigènes s'estompaient progressivement. Kuroshi était au prise avec un adversaire, quand un kamikaze fonça vers lui, mais fut intercepté par une flèche enflammée particulièrement précise.

L'explosion qui s'en suivit projeta Kuroshi sur sa droite, tandis que les bruits de bataille tournoyaient autour de lui. Il roula sur quelques mètres, puis s'arrêta sur le dos.

A peine eut-il le temps de se remettre du "vol" qu'un guerrier massif se jetait sur lui, abattant sur le samouraï une grande claymore. Le samouraï para à l'aide de son katana, et dévia son ennemi vers le sol, avant de rouler pour se relever dans le même mouvement.

Son adversaire portait une armure bleu-acier, ainsi qu'une immense claymore. Blond aux yeux bleus, son visage portait les signes de la haine, et son plastron les armoiries déchues des Yarost'voï. Autour du cou, l'homme portait un fragment d'os ou de corne, que Kuroshi aurait juré voir trembler, bien qu'il cru qu'il s'agissait de son imagination. Mouvement ou pas, la vue de ce fragment réveillait en lui d'obscures et gênantes sensations.

"Enfin je te retrouve, Démon ! Tu vas payer pour tes crimes, et ton sang sera versé en l'honneur des Yarost'voï !"

L'homme lança ces mots sur un ton aussi belliqueux que cérémonieux, visiblement bien décidé à se battre en seul à seul contre Kuroshi, pour une raison qui échappait à ce dernier.

Les guerriers Tatsumaki redoublèrent de vigueur, tandis que les fumigènes s'estompaient.

Kuroshi combattait avec un guerrier du clan Murcielago, bloquant la lame de son adversaire avec aisance, quand il fut surpris par l'arrivée d'un kamikaze qui courrait vers lui.

"Bandes de lâches..." lança-t-il sèchement.

A peine eut-il fini sa phrase qu'une flèche de feu intercepta le kamikaze de plein fouet, le faisant exploser sur le coup.


Kuroshi fut projeté vers sa droite, roula sur quelques mètres et s'arrêta sur le dos. A peine son escapade finie dut-il faire face à une brute épaisse qui abattit sa claymore vers lui. Kuroshi para l'attaque à l'aide de son katana, puis dévia son ennemi vers le sol.

Le jeune samouraï en profita pour se relever, et se mettre en position d'attaque. Il en profita pour inspecter son adversaire.


Le guerrier massif était vêtu d'une armure bleu-acier et armé de l'immense claymore qu'il avait utilisé pour essayer de le tuer sans succès. Son visage était marqué par la haine, il avait de longs cheveux blonds et des yeux bleus océaniques emplis de haine envers celui qui se tenait vers lui. Le plastron qu'il portait était celui du clan Yarost'voï, le clan qui s'était allié avec les Murcielago. Il portait autour du cou un fragment d'os ou de corne, drôle de pendentif songea Kuroshi. Il crut voir ce fragment bouger, mais peut-être était-ce son imagination, mais rien que voir ce fragment d'os ou de corne peut importait, d'obscures sensations se faisaient sentir.

Tout en voyant ce lugubre objet, il cru entendre un rire sinistre, qui lui fit froid dans le dos.

"Enfin je te retrouve, Démon ! Tu vas payer pour tes crimes, et ton sang sera versé en l'honneur des Yarost'voï !"

Démon ? De quoi il parle ? Il est timbré ou bien ? Furent les quelques questions que Kuroshi se posa suite à la réplique paladinesque de cet abruti.
Mais le rire sinistre se fit à nouveau entendre, et Kuroshi commença à se demander d'où cela pouvait venir.

"Je ne vois pas de quoi tu parles. Je ne suis pas un démon sombre crétin... mais si tu y tiens vraiment... ce sera ton sang qui sera versé." Répliqua Kuroshi d'un ton sinistre, tout en se plaçant en position offensive.

L'homme pointa son pendentif, et lança à Kuroshi :

"Tu ne peux tromper mes sens, Démon ! Peu importe ton apparence, je sais qui tu es, et je te détruirais ! Et sur ton épitaphe, chacun pourra lire que Sergeï du clan Yarost'voï aura vengé ses frères !"

Sur ces mots, Sergeï se lança dans un assaut sauvage en hurlant, portant un puissant coup vertical en direction du samouraï.

Autour d'eux, les combats s'intensifiaient, mais les soldats ennemis prenaient soins d'éviter Kuroshi et son adversaire dès qu'il remarquait la présence du guerrier en armure, comme s'il avait exigé un combat en un contre un face à sa cible.

Le guerrier, sur le sol sur le dos, utilisa son coude pour se redresser et toiser Kuroshi. Après un court instant de réflexion, accompagné d'un regard inquisiteur, il lâcha alors :

"Tu oses nier tes péchés, Démon Zératul ?"

Puis, après un court instant, il continua :

"N'espère pas me faire croire que tu n'es pas Zératul, je sais que c'est toi !"

Dans les yeux de Sergeï se mêlaient haine et recherche de la vérité, comme si le doute s'installait en lui malgré ses convictions.

Le guerrier se redressa et toisa Kuroshi, lui lançant un regard inquisiteur tout en lui répondant :

"Tu oses nier tes péchés, Démon Zeratul ?"

Le rire sinistre se fit plus fort, laissant Kuroshi dans le doute.

"N'espère pas me faire croire que tu n'es pas Zeratul, je sais que c'est toi !"

"Tu oses nier tes péchés gamin ? Hahahaha !"


Instinctivement, Kuroshi s'était plaqué les mains contre ses oreilles, comme pour ne plus entendre les paroles du monstres qui lui parlait.

"Tu oses nier la vérité ? Voyons, depuis toutes ces années... tu devrais savoir qui je suis..." le rire sinistre qui s'en suivit s'incrusta plus encore dans l'esprit de Kuroshi.

"La ferme..." Sussura-t-il doucement à l'adresse du monstre

"Depuis que tu as récupéré mon katana, je hante ton esprit, je te torture mentalement et ce dans un seul but...."

"LA FERME !!!" Hurla Kuroshi, recroquevillé sur lui-même, comme gagné par la folie

Une silhouette sombre apparut alors devant Kuroshi, à côté du guerrier qui ne semblait pas le voir.

La créature semblait être humaine, mais était faite des ténèbres elles-même. Il avait de longs cheveux lui arrivant à la taille, des bras griffus, de grandes cornes partant vers l'avant, semblables à la corne que portait le guerrier autour du cou. Il n'avait pas de visage, du moins... seuls ses yeux rouges fumants au regard aussi sadique que le sourire sinistre gravé sur le visage du monstres étaient visibles. Pour couronner le tout, le monstre était dôté d'une grande paire qu'il pliait de façon à faire une cape dépenaillée.

Le démon pointa un doigt vers Kuroshi, en annonçant d'une voix faisant écho :

"Je suis le démon Zeratul... et ce corps est mien !"

A peine eut-il annoncé cette phrase que Kuroshi se mit à hurler de douleur.


Peu de temps venait de passer dans la réalité, mais le guerrier ne pouvait pas laisser passer une chance pareille. Il se rua, épée qui fonça vers les côtes du samouraï.

Zeratul se mit à sourire.

D'un simple coup de pied, il fit voler Ryuuketsu assez vite pour la prendre en main et bloquer la lame de la claymore à temps.


Kuroshi ouvrit les yeux, rouges sang, le regard sombre, il le posa sur son adversaire, et lança dans un ton effrayant :

"Hors de ma vue... humain !"

D'un violent coup de pied, Kuroshi/Zeratul envoya voler le guerrier sur quelques mètres.

Sergeï tenta de se rétablir, et roula en arrière avant de se relever, dans un mouvement relativement fluide, au vu de son armure. Se relevant, la haine dans ses yeux luisait avec une force encore plus grande.

"Tu montres enfin ton vrai visage, démon !"

Fonçant vers Kuroshi, il porta un coup vertical, que le démon évita d'un pas de coté, avant de foncer, portant un coup de katana au niveau de l'abdomen. Sergeï sourît, cependant, et lorsque Kuroshi arriva au corps à corps, il attrapa la tête de ce dernier d'une main, et le jeta contre le sol.

Lâchant son épée, il commença à mettre de multiples coup de poings dans le visage du possédé, quand, dans un râle de rage, Kuroshi se reprît, repoussant son adversaire d'un coup de manche de katana sur le coté de la tête.

Le guerrier roula, et se rétablît dans la continuité du mouvement.

Spoiler:

Le guerrier se releva, souriant, puis lança :

"Tu montres enfin ton vrai visage, démon !"

Kuroshi ne préféra pas répondre, de toutes façons, ce n'était pas vraiment lui qui avait parlé qui agissait en ce moment.

Le guerrier fonça et donna un coup vertical, que Kuroshi évita d'un pas sur le côté et riposta d'un coup de katana à l'abdomen... mais le guerrier était plutôt tenace pour un humain, et sourit de plus belle. Une fois Kuroshi au corps-à-corps, le combattant attrapa la tête de ce dernier d'une main avant de le jeter au sol.

Le guerrier lâcha son épée et martela le possédé de coups. Kuroshi se lassa vite, et dans un râle de rage, il repoussa son adversaire d'un coup de manche de katana.

Le guerrier roula et se rétablit dans la continuité du mouvement, non-armé, mais Kuroshi ne lui laissa pas la chance de récupérer son arme.


Profitant du fait qu'il soit tombé, Kuroshi avait littéralement bondit sur le guerrier, atterrissant sur ses jambes, attrapant le guerrier par les cheveux.

"Tu vas vite regretter tes actes."

Il évita un coup de poing et l'envoya dans les airs, deux mètres devant lui. Kuroshi rengaina son katana et se mit en position, il attendit le bon moment, celui où le guerrier se prendrait son attaque de plein fouet.

Le samouraï possédé dégaina et attaqua en un geste, le coup venant de placer en plein torse, protégé par l'armure qui se fissura sur le coup. Le guerrier vola encore sur quelques mètres avant de retomber.


Kuroshi ramassa l'arme du guerrier, la grande claymore, et la lança, elle vint s'enfoncer dans un bâtiment.

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Pendant ce temps, Kuroshi essayait de reprendre ses esprits, Zeratul avait disparu. Il se rappela de sa discussion avec le démon (Il se rappela... du Passé xD), elle était profondément encrée dans sa mémoire :

"Je suis le démon Zeratul... et ce corps est mien !"

"Non... c'est pas vrai... c'est impossible !"

"Lis dans ton coeur, tu sauras que c'est vrai."

"Hors de question... vous n'êtes qu'une illusion, j'en suis sûr."

Zeratul se mit à rire, ce rire des plus sinistres résonnait dans l'esprit de Kuroshi comme s'il subissait le supplice des gouttes d'eau.

"Une illusion, hein ? On verra bien..."

Le fiélon se dissipa dans une masse sombre, cette masse se dirigea vers le samouraï, qui sentit alors le flot obscur s'immiscer en lui, lui provoquant une affreuse migraine sur le coup, le faisant sombrer dans l'inconscient.

Spoiler:

Après s'être levé, Kuroshi attrapa son katana, ce qui accentua brièvement la migraine, puis il revint à son état normal.

Il sortit de la tente, et Kuroshi découvrit où il était, il aurait préféré s'être retrouvé ailleurs. Il était dans un camp de soin, dans une zone où ce camp n'était déployé qu'en cas de pertes importantes, ou en cas de repli.
Pour Kuroshi, c'était évident, la tentative de reprise de la base avait été un échec cuisant, coûtant au passage la vie de plusieurs soldats, samouraïs, archers ou ninjas.

Puis il vit un de ses supérieurs, celui qui les avait guidés dans les murs de la base. Kuroshi brûlait d'envie de savoir ce qu'il s'était passé.
Il s'approcha de lui, le chef d'assaut était légèrement blessé, le regard fixé sur l'horizon, il ne semblait pas avoir remarqué l'arrivée de Kuroshi.

"Sen'chou !" L'appela-t-il. "Sen'chou, que s'est-il passé sur le champ de bataille ?"

"Ils nous attendaient." lâcha le capitaine d'un air grave. "Ils avaient prévu leurs défenses... Et des renforts. Beaucoup de renforts. Si l'on avait pas fuit avant, les pertes auraient été bien pires, déjà que le rapatriement des blessés a été d'une extrême difficulté..."

L'amertume dans la voix de le capitaine était telle qu'aucun mot ne pouvait la décrire.

"Ils nous attendaient." avait-il répondu, d'un air grave.

Kuroshi resta sans voix, visiblement surpris.

"Ils avaient prévu leurs défenses... Et des renforts. Beaucoup de renforts. Si l'on avait pas fuit avant, les pertes auraient été bien pires, déjà que le rapatriement des blessés a été d'une extrême difficulté..."


Le jeune samouraï resta bouche bée, la défaite était inévitable, vu que les Murcielago s'étaient préparés à la venue d'un escadron du clan.


Les migraines s'étaient estompés, et peu à peu la bataille lui revenait en mémoire. L'entrée dans la base, l'arrivée des kamikazes, la confrontation avec cet individu louche avec une corne noire autour du cou, et.... cette ténébreuse silhouette qui le mit hors de lui même.

Cette silhouette même qui se tenait face à lui, juste à côté du capitaine qui semblait abattu. Le démon le fixait avec le même air cruel que lors de leur première rencontre. La voix caverneuse du démon Zeratul faisait écho dans l'esprit de Kuroshi.

Kuroshi semblait comme tétanisé, bien que le capitaine ne s'en était pas rendu compte, trop occupé à s'apitoyer sur lui même pour s'occuper de ce menu détail.

"Ne crois pas que je vais être sympa avec toi car on partage le même corps... humain ! Ce corps est mien, et crois moi je ferais tout pour me l'accaparer pour moi seul !"


Le samouraï pensa qu'il ne s'agissait que d'un mauvais rêve, lui qui avait combattu des fiélons autrefois pour libérer Astria du joug de ces derniers ainsi que des célestes, le voilà possédé par un vil démon, et poursuivi par un homme persuadé que Kuroshi n'était que Zeratul déguisé en humain.


Autre pensée qui l'effrayait, c'était de voir son père ici, chose qui serait fort probable. Suite à une telle défaite, il était évident qu'il serait déshonoré puis exclu du clan.

Le jeune samouraï chercha son père du regard, comme s'il redoutait ce moment.

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Ce dernier ne tarda pas à arriver.


L'homme avançait d'un pas lent, et tous ceux qui se trouvaient sur son chemin s'écartaient au fur et à mesure.

Tatsumaki Oboro était un homme de carrure imposante et était l'un des quatre généraux, les plus hauts gradés de l'armée après le seigneur Tatsumaki lui-même, son frère jumeau.

Il était vêtu d'une tenue de samouraï qui rappelaient à tous son grade, ainsi que d'une cape noire et or qui semblait flambant neuve.


Oboro s'approcha de Kuroshi et du capitaine, et une fois à portée, il ignora Kuroshi, allant discuter avec le capitaine, ce dernier était apparemment victime de sueurs froides.

"Général..." commença l'individu. "La bataille..."

"Taisez-vous donc, insolent ! Je sais très bien ce qu'il s'est passé." Coupa-t-il d'un ton sec. "Votre défaite fait perdre de la crédibilité à notre clan. C'est impardonnable ! Vous êtes dorénavant démis de vos fonctions !"

La nouvelle arriva tel un coup de dague en plein coeur, laissant le capitaine sans voix et sans vie, la lame du général la lui ôtant.
Kuroshi fixa une dernière fois le capitaine. C'est ainsi qu'on réglait les affaires chez les Tatsumaki, dans le sang; cela le dégoûtait mais c'était ainsi.


Oboro se tourna vers son fils, le regard dur et sans une once de sympathie, le même depuis des années. Cela aussi le dégoûtait mais c'était malheureusement ainsi.

"Je suis extrêmement déçu mon fils."

Kuroshi ne répondit pas, il savait pertinemment ce qui allait arriver.

"Vous avez été incapables de remporter cette bataille. Et toi mon fils, malgré ta réputation de bretteur de qualité, tu n'as même pas été capable de tuer ton adversaire, ce guerrier de ce clan insignifiant, les Yarost'voï. Tu m'as beaucoup déçu."

Kuroshi serra les dents. Il en avait assez des paroles emplies de venin de son père.

"Si vous pensiez que la victoire était évidente, pourquoi ne vous êtes pas joint à la bataille... père ?" Lança-t-il en provocation.

"Alors comme ça on se rebelle, hein ?" Continua Oboro, un sourire mesquin s'affichant sur son visage parsemé de cicatrices. "Je suppose que je dois toi aussi te démettre de tes fonctions ?" Il se mit en position de combat, son katana était finement décoré et la lame aiguisé pour un coup des plus mortels.


"Tues-moi, et non seulement ta crédibilité ainsi que celle du clan en prendra un coup." Oboro, prêt à abattre sa lame sur son fils, s'arrêta dans son geste. "Tu ne voudrais quand-même pas perdre ta place pour avoir tué l'un des sauveurs d'Astria tout de même ?"

Son père ragea, ce petit impertinant avait raison. Il poussa un cri de rage et lança :

"Hors de ma vue. Tu n'es plus digne de porter le digne nom des Tatsumaki."

"Très bien ! J'en avais assez de ce clan de toutes façons."

Kuroshi quitta alors le camp, en direction du village neutre le plus proche, il put entendre, une fois le camp hors de sa vue :

"TRAÎTRE !!!!!!!!!!!!!!!"


Son père n'hésitera pas à envoyer ses hommes pour le tuer.

A cette idée, Kuroshi commença à accélérer.

Une chute de neige s'abattait sur le village de Givrebois, à la frontière entre la toundra Fafnirienne et une région forestière voisine. Le village, bien qu'habitué à voir des terres enneigées à perte de vue, n'avait pas vu tomber autant de neige et à des températures aussi basses depuis des années.
Du coup, la majorité des habitants avaient délaissé leur travail pour s'occuper de leur famille. Alors que les enfants jouaient innocemment dehors, quelques adultes venaient profiter de leur temps libre pour boire un petit coup dans la seule taverne du village.
Le tenancier, un nain à moitié chauve, dont les rares cheveux hirsutes s'harmonisaient avec la couleur orangée de ses yeux perçants, fixait du coin de l’œil les nouveaux venus.

A une table, sous les regards curieux des habitués, quatre personnes, emmitouflés dans leur tenue polaire, ne faisant pas attention aux regards indiscrets, discutaient.
D'un côté se trouvait un homme au crâne complètement chauve, en proie à l'embonpoint, et vêtu sous son manteau en fourrure d'un habit de noble violet. A ses côtés, deux hommes en armure, tremblant de froid, visages couverts par un casque et arme d'hast en main.
Le noble fixait d'un œil méprisant l'homme en face de lui : Un homme immense comparé à son mètre cinquante-huit, qui lui rendait le même regard méprisant. Il était étrangement vêtu, tout ceux qui l'interpellaient sans connaître son nom l’appelaient l'Oriental à cause de sa tenue, vraisemblablement originaire des steppes de Djishin, bien plus à l'Est d'ici.
En dessous de sa tenue polaire originaire des plaines glacées de Fafnir, l'homme portait un kimono noir, sans décoration, qu'il portait par dessus un hakama de même couleur, légèrement usé. Pour lier le tout, il utilisait un long morceau de tissu en lin bordeaux.
Il avait de longs cheveux noirs et des yeux verts, une fine cicatrice longeait le côté droit de son visage, et il portait une barbe de quelques jours. A ses côtés, son arme, une épée que le noble n'avait vu que rarement. Cette épée avait une lame courbée à un seul tranchant, de couleur noire, et était pourvue d'une gravure dans une langue qu'il ne connaissait point.
Le noble, d'un geste énervé, lança deux pièces en or, en direction du samouraï, qui, quand elles atterrirent de son côté de la table, demanda, d'un ton presque étonné :
"C'est tout ? Seulement deux pièces d'or ?"
"Ecoutez-moi monsieur... peu importe ! Je vous avais demandé de m'escorter jusqu'à ce village de façon à ce que ma vie ne soit pas en danger."
"Oui, c'est bien ce que vous avez demandé..."
"Mais lors du voyage nous avons fait face à une terrible troupe de kobolds enragés!" Reprit le noble, en hurlant de rage.
Le reste de la clientèle se mit à rire silencieusement.
"Allons, vous savez bien que les kobolds ne sont qu'une moindre menace." Répondit le samouraï, légèrement amusé.
"Mes gardes du corps n'ont rien pu faire ! Ils étaient au moins deux-cent !"
"Ils étaient douze." Rétorqua le samouraï d'un ton cassant, il commençait à être las du caractère exécrable de ce noble.
Les rires dans la taverne se firent plus bruyants, le noble, rouge de honte et de colère, lança un regard noir, avant de reprendre, énervé :
"Et le dragon ? Vous nous avez mené dans l'antre d'un HORRIIIIIIIIIIIBLE dragon !"
"C'est vous qui aviez voulu qu'on se repose dans cette grotte je vous rappelle, j'avais pourtant dit qu'il fallait qu'on continue notre route jusqu'à une auberge qui n'était qu'à une demi-heure de marche."
"Ca n'empêche pas que vous nous avez mené à un dragon ! C'est entièrement de votre faute !"
"Vous avez eu de la chance que je connaisse ce dragon, et que vous n'ayez pas eu, vous et ces couards qui vous servent de gardes du corps, la stupide idée d'aller lui piquer son trésor !" Répliqua l'homme aux cheveux longs, d'un ton énervé et menaçant.
La taverne était étrangement silencieuse, personne ne voulait se moquer du samouraï, qui parmi les quatre homme, était le seul homme expérimenté du groupe.
"Comment osez-vous m'insulter ?! Vous êtes dans le pétrin, j'ai des amis très influ-"
Il n'eut pas le temps de finir de proférer sa menace que le samouraï le soulevait de dix centimètres au dessus du sol, en le tenant par le col.
"Je crois que vous n'avez pas compris. Vous n'êtes ni influent sur la scène politique, ni ami avec quelconque homme influent, et vous n'êtes pas bien intelligent non plus. Je sais tout ça, pas besoin de lire les journaux pour le savoir, de toutes façons ils ne parleront jamais de vous. Mais votre couardise vous a dit que vous aviez besoin d'un bon garde du corps pour que vous vous sentiez bien plus en sécurité, et votre couardise vous dit, je le sais bien, que si vous continuez à me traiter comme de la merde, alors que J'AI tout fait pour VOUS sortir du pétrin, je n'hésiterai pas à vous ouvrir le poitrail et à extirper vos tripes devant toute la clientèle de la taverne, ai-je bien été clair à ce sujet ?"
Au fur et à mesure qu'il parlait, le noble voyait le regard émeraude du samouraï changer, et prendre une couleur rouge sang.
Les deux gardes du corps se levèrent tout à coup, et brandirent leur armes en direction de l'homme aux longs cheveux d'ébène, qui, en voyant un accès de bravoure les envahir, n'eut qu'à dégainer son katana pour que Dame bravoure ne les quitte, ils tombèrent et reculèrent avec hâte.
Le regard du samouraï se figea de nouveau sur le noble, qui, tremblant et pris de sueurs froides, sorti la bourse qu'il était censé donner au samouraï.
Celui-ci le relâcha brutalement, et le noble avec ses deux gardes du corps commencèrent à fuir, une fois arrivé au seuil de la porte, le samouraï les interpella :
"Vous n'allez tout de même pas partir sans payer ? Ce serait tellement mal vu." Un sourire malveillant s'affichait sur son visage, alors qu'il regardait le contenu de la bourse, remplie d'or.
Les trois hommes sentirent alors plusieurs regards se poser sur eux.

Le samouraï sortit de la taverne un quart-d'heure après que son client et ses gardes du corps aient quitté la celle-ci.
Au dehors, les enfants jouaient à se balancer des boules de neige, sans se soucier du temps qui passe ou du froid mordant.
De son côté, le samouraï, bien qu'il fut à l'abri sous sa cape polaire, commençait à avoir froid.

N'ayant pas grand chose à faire, il décida de faire le tour du village.
Il n'y avait pas grand chose qui sortait de l'ordinaire dans ce village, si ce n'est la neige abondante, que le samouraï n'avait pas vu souvent, et jamais dans de si grandes proportions; les bâtiments étaient essentiellement en bois, pour empêcher le froid d'entrer dans les foyers. L'unique bâtiment en pierre était en fait creusé dans la roche d'une colline et il s'agissait d'une réserve, essentiellement de nourriture, mais sûrement d'autres choses y étaient entreposées.

Le samouraï s'arrêta en voyant le marchand de journaux, et en acheta un. Il trouva un coin où s'asseoir, à l'abri du froid et de la neige tombante.
Ce journal relatait essentiellement des faits locaux : un raid de lycanthropes dans un village voisin, la découverte du corps d'un homme avec un arc qui s'était vraisemblablement laissé mourir, l'histoire de la chute du clan Yarost'voï ou comment un clan influent est devenu l'ombre de lui même en l'espace d'une nuit : selon l'auteur de l'article, la base du clan, ainsi qu'une bonne partie des membres, femmes et enfants, auraient disparu suite à un feu de forêt. Le feu se serait propagé à une telle vitesse qu'il aurait pris de surprise ceux qui se trouvaient dans la base, faisant des rares hommes en mission à l'extérieur les survivants du clan.
Le samouraï s'arrêta dans sa lecture, songeur, et repensa à sa rencontre avec ce guerrier Yarost'voï il y a quelques mois, à l'époque ou il était connu sous le nom de Kuroshi Tatsumaki.

Il existait une coutume comme quoi les enfants Tatsumaki destinés à faire de grandes choses étaient nommés d'après le fondateur du clan, un samouraï légendaire que l'on disait possédé par un démon. Le prénom Kuroshi n'était attribué qu'à un enfant par génération. Le père du samouraï, Oboro, n'avait pas obtenu ce titre, mais ce fut son frère qui fut nommé ainsi, ce frère qui devint le chef du clan. Une fois que le titulaire de ce prénom avait atteint son objectif, il pouvait se choisir un prénom, qu'il aura par ses actes grandement mérité.
Kuroshi avait été nommé ainsi car on disait qu'il ressemblait vraiment à son ancêtre, le fondateur, et on le destinait à devenir chef de clan et à ramener au clan Tatsumaki sa splendeur d'autrefois, celle du clan le plus respecté et le plus craint qui n'ait jamais existé.
Mais il en fut autrement. Ronin dans son état, celui que le clan Tatsumaki connaissait sous le nom de Kuroshi n'avait plus besoin de ce prénom. A vrai dire, il n'en avait tout simplement plus.

Il n'en avait plus depuis ce combat avec ce guerrier Yarost'voï, un certain Sergeï. Ce guerrier lui vouait une haine sans limite, pas vraiment à l'égard du ronin, mais plutôt du démon qui possédait celui-ci.
Ce démon, il n'avait plus parlé depuis longtemps, jusqu'à aujourd'hui, où dans un accès d'impatience et de colère, il avait menacé un noble pas très futé ni très influent.
Il avait aussi commis quelques méfaits. Il ne les connaissait pas tous, à vrai dire il n'en connaissait qu'un : Le massacre des Yarost'voï.
Le journaliste tentait de prouver que la cause de la disparition du clan était du à un incendie en disant que les planches laissaient toujours échapper une fumée noirâtre et que la vue de la scène le mettait profondément mal à l'aise, mais le samouraï savait que ce n'était pas le cas.
Depuis quand une planche laisse encore échapper de la fumée des mois après l'incendie ?
De toutes façon, le démon lui avait montré la scène : Dans le corps d'un humain, sous la forme d'un squelette noir doté de longues cornes partant vers l'avant et aux yeux brillant d'une lueur rouge sang, il massacrait allégrement tous ceux qu'il voyait et détruisait les bâtiments rien qu'en serrant le poing. La seule preuve de sa venue, une corne, qui d'après les dires du démon, était tombée car l'humain qu'il possédait à cette époque était trop faible pour supporter la totalité de ses pouvoirs. On ne retrouva jamais les restes du possédé après cet incident.

Une autre nouvelle qui attira son attention fut moins locale que le reste :
COUP D’ÉTAT DANS LE CLAN TATSUMAKI, page 7
écrit par Ismaraël Tourneplume à Clairbois, Vallos.
Le samouraï tourna rapidement les pages, jusqu'à tomber sur le dit-article.
"De l'autre côté de la forêt bordant le village de Clairbois, une forteresse imprenable, abritant une armée colossale, diverse et sanguinaire.
On pourrait dire que tous les clans guerriers sont violents et sanguinaires, rêvant d'un Empire sur lequel ils auraient la main mise. Mais parmi tous les clans existants : Les Murcielago, les Scattered Limbs, ou anciennement les Yarost'voï, le clan Tatsumaki est certes belliqueux mais aussi particulièrement bien organisé.
Le peu d'informations que j'ai pu obtenir m'a permis de savoir que le clan se divise en plusieurs sections, dont je ne sais pas le nombre, et que l'intégralité du clan est dirigé par cinq personnes : Quatre généraux au service du chef du clan.
Or, quelques jours auparavant, le clan a été secoué par une attaque qui ne venait pas de l'extérieur, comme le ferait fièrement le clan Murcielago, éternel rival du clan Tatsumaki, mais bel et bien de l'intérieur.
En effet, il y a cela trois ou quatre nuits, le chef du clan a été victime d'un coup d'état, et a été tué par nul autre que le plus influent des généraux... son propre frère, Oboro Tatsumaki.
Désormais c'est lui qui règne en tant que chef de clan Tatsumaki. Personne, hors-mis eux, ne sait qui remplace le nouveau chef en tant que général, ni ce qui était advenu du corps de l'ancien chef, jusqu'à ce qu'on retrouve sa tête planté sur un pic.
Le nouveau chef du clan a tout de même souhaité, avant que je ne parte, adresser un petit message :
"Sachez que les traîtres au clan seront pourchassés, et que je serai intransigeant quant à leur sort : Seule la mort les attendra pour nous avoir trahi !"
Rares sont ceux qui quittent le clan, par peur peut-être, par conviction sûrement, le nombre de "traîtres" au clan ces vingt dernières années montent au nombre effarant de... une personne, le clan n'a pas souhaité me dire de qui il s'agissait, si ce n'est que le clan avait une haute estime pour lui avant qu'il ne quitte les rangs."

Finissant sa lecture, le samouraï prit la direction de l'écurie, là où il avait laissé son destrier.
Entrant dans le bâtiment en bois, il s'approcha du seul cheval noir de l'écurie, là où la majorité des chevaux étaient blancs ou beiges.
Après avoir fini les préparatifs du voyage, lui et Elbin, son cheval noir, quittèrent Givrebois pour retourner là où ils avaient élu domicile : une maison en bois dans la forêt, non loin de Belluark.